Les prémisses d'une future capitale de l’image

Vous connaissez sûrement les Industries Culturelles et Créatives, mais connaissez-vous vraiment l'histoire des ICC ?

« Jadis, Hippocrate était de Cos, il est maintenant de Montpellier ».


C’est la devise de la faculté de médecine de la préfecture de l'Hérault, réputée depuis le Moyen-Âge et la plus ancienne encore en activité aujourd’hui dans le monde. Beaucoup de gens savent que l’histoire de la ville est intimement liée à celle de la médecine, mais très peu savent qu’il existe une expertise locale dans le domaine de l’image qui date de la même époque et prend racine au même endroit :

À Montpellier, on manie l’image en deux ou trois dimensions depuis aussi longtemps que le scalpel !

 Hé oui ! En 1220, lorsque la faculté de médecine voit le jour, « l’imagerie médicale » n’existe pas. C’est donc sur des artistes, dessinateurs et sculpteurs de talent que les médecins s’appuient pour comprendre l’anatomie humaine et savoir la cartographier. Le dessin anatomique occupe une place de choix dans l’enseignement de la faculté de médecine et de l’école des beaux-arts. Et l’excellence de ces écoles est tellement réputée dans toute la chrétienté qu’elles reçoivent du pape Nicolas IV le statut officiel d'Université en 1289, un privilège encore très rare dans toute l’Europe !
 
Aujourd’hui, de nombreux acteurs de l’image qui travaillent à Montpellier s’inscrivent dans la lignée de ce passé prestigieux, sans même en avoir conscience : en effet, même si l’enseignement a beaucoup évolué et que les technologies ont révolutionné la création, le dessin anatomique fait toujours partie des bases de l’apprentissage des professionnels de l’image animée. Appréhender le corps, ses proportions, son équilibre et son mouvement constitue un préalable indispensable pour donner vie à n’importe quel personnage ou créature de façon réaliste.

Les étudiants en médecine du Moyen-Âge auraient sans doute fait d’excellents animateurs ! 

Le seigneur Guilhem VIII de Montpellier (1157-1202), qui a infléchi le destin de la cité en y favorisant l’implantation des médecins par une loi judicieuse, n’aurait d’ailleurs pas renié le foisonnement actuel de la métropole dans le domaine de l’image, du son et des technologies numériques : c’est lui qui, en accélérant l’ouverture et l’essor intellectuel de la ville, en a fait une terre favorable à la création, à la recherche et à l’innovation. Et c’était un amoureux des arts et des lettres, qui jouait lui-même de la harpe et dont la cour foisonnait déjà d’artistes, de comédiens et de troubadours du pays d’oc.

La relation entre Montpellier et les industries culturelles et créatives (ICC) s’apparente donc depuis l’origine à une chanson d’amour courtois !

Cet état d’esprit tourné vers les arts, la culture et l’innovation a sans doute joué un rôle important dans l’émergence des ICC à Montpellier. Dès 1896, les spectateurs se précipitent aux projections du Cinématographe Lumière présenté à l’occasion de l’Exposition générale et nationale qui se tient dans la préfecture de l'Hérault. Et les dieux du septième art veillent déjà sur la ville : quand un incendie ravage la majeure partie des autres pavillons de l’exposition, le cinématographe, situé un peu à l’écart, est épargné et voit son attrait décupler !

Il aura suffi d’une petite étincelle pour faire définitivement entrer Montpellier dans l’ère du cinéma !

 Quant à la mue de la ville en un des chefs-lieux de la création digitale moderne, il aura suffi d’un coup de crayon, un siècle après l’invention du cinéma : celui de Michel Ancel, le père de Rayman, persuadé que Montpellier était la « Croisée des Rêves », un monde où tous les désirs les plus fous peuvent prendre vie…

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