Femmes cheffes d’entreprise, le parcours de combattantes !

Qui va garder les enfants ? Femmes et entrepreneuriat en 2025 ? C’était le thème de la rencontre organisée le 7 mars à l’Espace Gisèle Halimi par le BIC de Montpellier et Les Premières Occitanie en partenariat avec le collectif Osez Entreprendre.

Que d’obstacles sur la route des femmes qui entreprennent ! 

Qui va garder les enfants ? Femmes et entrepreneuriat en 2025 : c’était donc le thème de la rencontre organisée le 7 mars à l’Espace Gisèle Halimi par le BIC de Montpellier et Les Premières Occitanie, en partenariat avec le réseau Osez Entreprendre.  

L’entrepreneuriat est, pour les femmes, un vrai parcours de combattante. Les chiffres en attestent. Ainsi, les entreprises dirigées par une femme ne représentent que 2,7 % des levées de fonds bouclées en capital risque. Même constat pour l’accès au crédit : les prêts accordés aux entreprises dirigées par des femmes sont inférieurs de 33 % à ceux accordés aux entreprises dirigées par des hommes. 

 

Alors, l’argent aurait-il un sexe ? 

« Quand j’ai rencontré des fonds d’investissement, il n’y avait que des hommes et je les ai sentis moins sérieux, car j’étais une femme », rappelle Hind Emad, la fondatrice d’une startup et vice-présidente de la Métropole de Montpellier en charge du développement économique et du numérique. « Les hommes doivent changer le regard qu’ils portent sur les femmes », complète-t-elle.

Noura Romari, la créatrice de FF-Scan, une startup qui développe une application capable de quantifier la fatigue grâce à l’IA, pour mieux prévenir les risques professionnels et routiers, partage son avis. 

« Lorsque j’ai voulu ouvrir un compte professionnel, j’ai dû me tourner vers une banque en ligne », admet-elle. 

Son projet était pourtant solide. Soutenu par le dispositif Les Essenti’Elles, créé par l’Airdie France Active Occitanie, il a depuis été lauréat du programme French Tech Tremplin.

Les préjugés ont la vie dure, en dépit des chiffres. « Parmi les entreprises que nous avons soutenues et qui s’arrêtent, 70 % ont été créées par des hommes, 30 % par des femmes », souligne Vincent Ardis, le directeur d’Initiative Montpellier Pic Saint-Loup , qui ajoute, en évoquant la « gestion en bonne mère de famille » : « Le taux de pérennité des entreprises créées par des femmes est supérieur à celui des entreprises créées par des hommes. » 

De même, Alexandre Rochet, chargé de mission et coordinateur d’activités back office chez Crealia Occitanie, salue la qualité des prévisionnels financiers faits par les dirigeantes « beaucoup plus fiables que ceux faits par les créateurs ».

Les femmes doivent donc elles aussi se débarrasser des stéréotypes. « Quand on a des enfants, ne nous mettons pas de frein. Nous pouvons très vite nous décourager et renoncer à nos ambitions », prévient Honoré Ngombo, la créatrice de Royal Bijoux, maman solo et cheffe d’entreprise. 

« Pour qu’il y ait davantage de femmes cheffes d’entreprise, il faut davantage de modèles », insiste de ce fait Romain Levy, le président d’AAP Studio. La rencontre du jour visait justement à y contribuer, en combattant les préjugés. Ce d’autant qu’elles ont déjà beaucoup d’atouts en main.

« N’oublions pas que nous avons déjà une entreprise à la maison. C’est une charge mentale énorme et cela démontre que nous avons, nous femmes, une vraie capacité d’organisation », confirme Mégane Boixière-Marconnet, la fondatrice de Bouge et Apprends, une startup qui a remporté le prix régional du concours Talents des Cités 2024, dans la catégorie Coup de cœur, grâce à son concept associant activité physique et apprentissages scolaires via des ateliers ludiques. 

Entre la gestion du quotidien, les charges domestiques et la famille, 42 % du travail dit « invisible » repose sur les femmes !

Animés par des représentantes de la CCI HéraultWhy 3C et de l’Airdie France Active Airdie, toutes partenaires de la rencontre, des groupes de travail ont alors réfléchi à des leviers d’action, susceptibles d’inciter davantage de femmes à se lancer dans l’entrepreneuriat.

"Gagner en confiance en soi est une condition essentielle pour s’affirmer en tant que femme dirigeante", souligne Bénédicte Laurent, ancienne dirigeante passée par le BIC aujourd’hui coach et experte en stratégie de marque.

Concernant la perception de l’argent, outre de « renforcer la confiance en soi comme vecteur pour oser aller plus loin », il faut proposer de « faciliter l’accès à l’argent et d’apporter de la mixité dans les jurys ». 

Sur le plan de l’innovation, les participant.es ont appelé les femmes dirigeantes à prendre davantage confiance en leur créativité et accepter leurs différences, en impliquant davantage les hommes. « S’assumer comme femme dans la Tech, c’est un vrai combat au quotidien. Car, nous partons avec un désavantage par rapport aux hommes : le temps mental », autrement dit la disponibilité d’esprit, avait en effet rappelé Noura Romari.

« Les femmes n’ont droit d’avoir un compte en banque que depuis 1965. Elles sont conditionnées comme si l’argent ne leur appartenait pas », avait souligné quant à elle Nelly Frontanau, coach en leadership humaniste et responsable.  « L’argent est un vecteur d’émancipation », avait alors enchaîné Élodie Gavilan, directrice d’agence chez BNP Paribas.

Enfin, à la question qui en découle : « Faut-il choisir entre être dirigeante ou femme au foyer ? », le troisième groupe de travail a recommandé d’« inciter davantage les pères à prendre leur rôle à bras le corps », afin de « consolider la réciprocité et la sororité », tout en faisant « évoluer les modèles », notamment grâce à la semaine de quatre jours. 

"Les temps changent, sous l’influence d’une mobilisation à laquelle contribue amplement le BIC de Montpellier. Pour mémoire, sur les 107 startups qu’il accompagne, 19% sont dirigées par des femmes et cette part progresse d’année en année."